Choisir son atelier d'écriture

Dans ce chapitre, je vais présenter quelques logiciels qui permettent de manipuler le Markdown pour organiser vos recherches et vos notes. Ce panorama n'est pas exhaustif, mais il vise à vous donner une vision d'ensemble des outils disponibles.

Je rappelle que le Markdown n'est que du texte brut. Vous pourriez vous contenter d'un éditeur simple avec de la coloration syntaxique. Mais pour qu'il devienne une force de travail, il lui faut une interface un peu plus élaborée. Le choix de votre logiciel déterminera votre manière de l'utiliser : certains privilégient la distraction minimale pour la rédaction pure, tandis que d'autres transforment vos notes en une base de données interconnectée. Tous proposent des outils permettant de saisir encore plus rapidement du texte en Markdown. Choisir son outil, c'est choisir sa méthode de travail.

Ghostwriter : sans distraction¶

• Site officiel : ghostwriter.kde.org
• Créateur : Megan Conklin (maintenant maintenu par le projet KDE)
• Licence : Libre (GPLv3)
• Installation : depuis la Logithèque (Flathub)

Ghostwriter est destiné à celleux qui veulent se concentrer uniquement sur l'acte d'écrire. Son interface est minimaliste et épurée, éliminant tout menu superflu pour laisser place au texte. Il propose un mode Focus qui met en surbrillance uniquement la ligne ou le paragraphe en cours, ainsi qu'un mode Hemingway qui désactive la touche retour arrière pour vous forcer à avancer dans votre premier jet.

Malgré sa simplicité, il est extrêmement puissant pour la prévisualisation. Il affiche un rendu HTML en temps réel dans un volet. Il intègre également des statistiques d'écriture (nombre de mots, temps de lecture estimé) et une navigation par structure qui permet de sauter d'un titre à l'autre.

Enfin, il s'intègre parfaitement avec Pandoc. Vous pouvez configurer des options d'exportation personnalisées directement dans les menus du logiciel, ce qui en fait une excellente porte d'entrée pour transformer vos fichiers Markdown sans toucher au terminal, tout en restant dans un environnement léger.

Zettlr : le compagnon académique¶

• Site officiel : zettlr.com
• Créateur : Hendrik Erz
• Licence : Libre (GPLv3)
• Installation : depuis la Logithèque (Flathub)

Zettlr est spécifiquement conçu pour les chercheur·euses et étudiant·es en Sciences Humaines et Sociales. Sa force réside dans son intégration native de la méthode Zettelkasten (prise de notes par fiches interconnectées). Il permet de gérer les fichiers de manière fluide et propose une gestion des liens entre les notes, facilitant l'émergence de nouvelles idées au fil de vos lectures.

Le logiciel brille par son intégration bibliographique. En le connectant à un fichier de bibliographie (issu de Zotero), vous pouvez insérer des citations directement dans votre texte avec une autocomplétion intelligente. Il gère également les en-têtes YAML de manière visuelle, rendant la configuration de vos documents beaucoup plus intuitive pour les utilisateurs qui ne sont pas à l'aise avec le code.

C'est l'outil tout-en-un pour la rédaction scientifique. Il inclut un moteur de recherche qui peut fouiller dans tout votre répertoire de notes, gère les tags pour classer vos thématiques de recherche, et possède l'un des meilleurs systèmes d'exportation via Pandoc, permettant de produire des articles académiques parfaitement formatés.

Joplin : le carnet de notes¶

• Site officiel : joplinapp.org
• Créateur : Laurent Cozic
• Licence : AGPL v3
• Installation : voir ci-dessous.

Joplin se présente comme une alternative libre et chiffrée à Evernote. Contrairement aux autres logiciels cités, il gère vos notes au sein d'une base de données interne plutôt que comme des fichiers isolés sur votre disque (bien qu'il soit possible de les exporter). Il est idéal pour capturer des idées à la volée, des listes de tâches ou des extraits de pages web grâce à son extension de navigateur. Il existe une version Android.

Sa grande force est la synchronisation. Vous pouvez retrouver vos notes Markdown sur votre ordinateur, mais aussi sur votre smartphone via des services comme Nextcloud, ou même Dropbox, OneDrive et plus généralement Webdav. Les données peuvent être chiffrées de bout en bout, garantissant que vos notes de recherche restent confidentielles même si elles transitent par un service cloud privateur.

C’est un outil très complet pour l’organisation quotidienne. Il supporte les pièces jointes (images, PDF), le dessin, les alarmes pour les tâches, et possède un système de plugins. C’est le choix parfait pour l'utilisateur·ice qui a besoin d’avoir son carnet de notes toujours sur lui/elle.

Installation : Joplin n'est pas encore dans les dépôts des distributions Linux. Sur la page dédiée au téléchargement, il est recommandé d'utiliser une ligne de commande qui lance wget (une commande qui permet de télécharger depuis le web). C'est très facile. Par la suite, les mises à jours seront proposées automatiquement.

Obsidian : efficacité¶

• Site officiel : obsidian.md
• Créateurs : Shida Li et Erica Xu
• Licence : Propriétaire (gratuit pour usage personnel)
• Installation : depuis la Logithèque (Flathub)

Obsidian a révolutionné la gestion de connaissances ces dernières années. Son concept est simple : vos notes sont des « atomes » dans un réseau. Le logiciel propose une vue graphique qui affiche vos fichiers sous forme de points reliés entre eux par des liens. Cette fonctionnalité est plus poussée que Zettlr. Cela permet de visualiser physiquement la structure de votre pensée et de voir les connexions entre vos sujets de recherche.

Bien que le cœur du logiciel soit propriétaire, il fonctionne exclusivement sur des fichiers Markdown locaux. Cela signifie que vos données vous appartiennent et restent lisibles par n'importe quel autre logiciel. Obsidian est extrêmement modulaire, au risque de s'y perdre : il existe des centaines de plugins créés par la communauté pour tout faire, de la gestion de calendriers à la création de diagrammes complexes ou de bases de données dynamiques à l'intérieur de vos notes.

Obsidian est un outil de réflexion puissant. Il ne se contente pas de stocker du texte ; il permet de construire un deuxième cerveau. Il est idéal pour la phase exploratoire de la recherche, où l'on tisse des liens entre des concepts, des auteurs et des sources, mais permet aussi de passer à la rédaction finale d'un article.

VSCodium : laboratoire de texte¶

• Site officiel : vscodium.com
• Créateur : Communauté (basé sur VS Code de Microsoft)
• Licence : Libre (MIT)
• Installation : depuis la Logithèque (Flathub)

VSCodium est la version 100% libre et débarrassée de la télémétrie de Visual Studio Code de Microsoft. À l'origine, c'est un éditeur pour les programmeurs, mais sa polyvalence en fait un outil de rédaction redoutable.

Pourquoi l'utiliser pour du Markdown ? Grâce à ses extensions, il se transforme en ce que vous voulez. Vous pouvez installer des modules pour la correction orthographique, pour visualiser votre bibliographie, pour gérer vos scripts Bash pour Pandoc, et même utiliser Git pour versionner vos écrits (garder une trace de chaque modification). C'est l'outil le plus technique de cette liste, offrant un contrôle total sur l'environnement d'écriture. Une fois que vous avez configuré selon vos besoins, y compris esthétiques, et que vous maîtrisez les commandes, vous aurez du mal à vous en passer.

C’est le choix des utilisateurs qui veulent centraliser tous leurs outils.

Logseq : penser par blocs (outliner)¶

• Site officiel : logseq.com
• Créateur : Tienson Qin et l'équipe Logseq
• Licence : Libre (AGPL-3.0)
• Installation : depuis la Logithèque (Flathub)

Logseq est un logiciel de « pensée par blocs » (un outliner). Contrairement à un éditeur classique où l'on écrit des paragraphes, chaque ligne dans Logseq est une puce (un bloc) que l'on peut déplacer, imbriquer ou référencer ailleurs. C'est un outil particulièrement puissant pour la prise de notes structurée, car il permet de décomposer des concepts complexes en unités d'information élémentaires.

Sa philosophie repose sur le Journal : chaque jour, une nouvelle page blanche s'ouvre. (vous pouvez faire la même chose avec Obsidian). Vous y notez vos réflexions, vos lectures ou vos tâches en utilisant des liens ([[Concept]]) ou des tags (#Thématique). Logseq agrège ensuite automatiquement toutes les mentions d'un concept sur une page dédiée. Pour un chercheur, c'est une méthode révolutionnaire : on ne se demande plus où ranger ses notes, on écrit, et le logiciel tisse la toile de fond.

Pour un·e étudiant·e on notera la fonction native de Flashcard qui permet un apprentissage actif. Idéal pour réviser des concepts ou acquérir de nouvelles connaissances.

Tout comme Obsidian (et Zettlr dans une moindre mesure), Logseq propose une vue graphique de vos connexions. Cependant, il va plus loin dans l'usage scientifique avec une gestion native des PDF (vous pouvez annoter un PDF directement dans Logseq et lier vos notes à des passages précis du document) et une excellente gestion des citations bibliographiques via le format BibTeX. Vos données restent stockées localement sur votre machine au format Markdown.

Tableau comparatif¶