Changer le système
Il y a de grandes chances que votre machine dispose d'un système d'exploitation (OS). Bien qu'il soit de plus en plus courant d'acheter des machines sans OS pré-installé, si vous lisez ce guide, ce n'est probablement pas votre cas. Il y a deux possibilités : soit vous avez acheté un PC (personal computer) fonctionnant sous Microsoft Windows, soit vous avez acheté un PC fonctionnant sous le système nommé MacOS. Voici quelques considérations avant de commencer.
À propos de Mac¶
MacOS est un système privateur, en partie dérivé de la famille Unix (proche de Linux), destiné exclusivement à du matériel de la marque Apple. Installer Linux sur un tel matériel vous expose à des limitations de garantie et des limitations de matériel. L'opération est donc destinée à des utilisateurs avancés. Nous n'aborderons donc pas ce sujet ici. Si vous avez un « Mac », passez aux autres chapitres.
À propos des PCs¶
Microsoft Windows est installé par défaut sur la majorité des PC du marché. Remplacer ce système par Linux fonctionne pleinement dans la grande majorité des cas. Cependant, s'agissant d'un système open source, les fabricants de matériels sont parfois très réticents (bien que ce soit de moins en moins le cas) à diffuser les informations techniques pour que la communauté mondiale Linux puisse ajouter les logiciels nécessaires pour faire tourner ces composants. Ainsi sur un PC très récent et de marque peu commune (souvent acheté à bas prix), vous pourriez avoir quelques difficultés matérielles, par exemple faire fonctionner une carte Wifi. Il en est de même pour des PC destinés principalement aux jeux vidéo, et dont les composants sont optimisés pour cette activité. Généralement, Internet regorge de blogs et de forum où vous pourrez trouver la solution à votre problème. Là encore, il s'agit de cas particuliers que nous n'aborderons pas.
Le dual boot¶
On appelle dual boot ou multi boot le fait d'avoir plus d'un OS sur sa machine. Le dual boot est généralement le nom donné à la pratique d'alterner entre Windows et Linux au démarrage du système.
Vous pourriez penser que conserver son ancien OS en plus de Linux est une bonne idée. Ce n'est pas le cas, à moins d'avoir une excellente raison de conserver Windows, par exemple si vous avez un logiciel métier qui ne fonctionne sur aucun autre système. Mais s'il s'agit simplement d'une crainte du changement d'OS, aucun argument ne pourra vous convaincre de passer à Linux, au contraire vous allez vous retrouver avec deux systèmes à gérer, notamment pour les mises à jour. Ce guide a pour but de vous faire changer de paradigme et pas de danser une valse. Allons-y à fond !
Pourquoi Linux ?¶
C'est la seule bonne question à se poser. J'ai pour coutume de dire que si votre OS vous convient, si vous êtes content·e et satisfait·e de ce qu'il peut vous offrir, il n'y a aucune raison de changer. Par conséquent, il n'y a plus aucune raison de lire ce guide.
Ensuite, il y a d'autres OS libres. Par exemple la famille BSD (Berkeley Software Distribution), dont FreeBSD, NetBSD, OpenBSD, essentiellement destiné aux serveurs et à la sécurité, mais qui peuvent tout à fait convenir pour une utilisation bureautique.
Tous les logiciels dont il sera question plus loin dans ce guide sont, pour la plupart, valables sous MSWindows et MacOS. Vous pourriez donc les utiliser sans changer d'OS. Or, dans la mesure où ce serait bien le cas, la situation s'inverse : pourquoi utiliser des logiciels libres si c'est pour rester prisonnier d'un système privateur ?
Une question de sécurité¶
On s'accorde pour dire que sous Linux il n'y a pas besoin d'anti-virus. Ce n'est pas tout à fait vrai : d'abord il y a des cas où il conseillé d'en avoir, ensuite il faut reconnaître que la part de marché des ordinateurs sous Linux étant bien plus faible, les logiciels malveillants ciblent plutôt Windows (Microsoft pratiquant la vente liée).
Un long combat
La question de la vente liée est un long combat qui, en France, a notamment été porté par l'APRIL (association créé en 1996). Voir cette page.
Toutefois la sécurité est sans doute le premier argument en faveur de Linux :
- Pour modifier le système Linux, il faut le mot de passe administrateur (et la plupart des utilisateurs de Windows utilisent un profil administrateur pour travailler).
- Les applications tournent sans privilèges élevés par défaut.
- La structure du système implique que les fichiers système sont protégés : les applications n’écrivent pas partout n'importe comment, et un programme compromis reste confiné.
- Les logiciels sont installés depuis des dépôts officiels, et son « empaquetés » avec des signatures chiffrées et authentifiées (là où les utilisateurs de Windows ont tendance à télécharger des logiciels depuis des sites douteux, malgré la présence d'un magasin de logiciel Windows depuis quelques années).
- Le système et les logiciels se mettent à jour en même temps et les correctifs de sécurité sont souvent disponibles en quelques heures (grâce à la réactivité de la communauté mondiale des contributeurs).
- Le code source est public et par conséquent audité par des milliers de développeurs et chercheurs. Cela implique :
- que les failles sont plus vite détectées et corrigées,
- que le système n'embarque pas de logiciel qui espionnent vos moindres faits et geste dans un but malveillant ou dans le but de vous vendre quelque chose, ou encore de vendre vos informations (vos données numériques),
- que Linux est un système de confiance.
- Si Linux n'est pas invulnérable, ses failles les plus importantes sont les mêmes que partout ailleurs : la sécurité faible des mots de passe, des mises à jour non faites, le mauvais comportement en ligne de l'utilisateur.
Autres arguments¶
La performance et la frugalité¶
Même sur des PC anciens, Linux n'a pas besoin de beaucoup de ressources pour fonctionner. Il pourra donc faire durer encore longtemps des PC qui peinent à suivre la gourmandise de Windows.
Flexibilité¶
Linux ne vous prend pas pour un·e idiot·e : il y a des centaines de distributions Linux différentes, avec des bureaux et des « saveurs » différentes. Vous êtes libre de configurer votre système comme vous l'entendez. Par contre la grande personnalisation du système est à double tranchant : on peut se sentir perdu dans cette diversité. C'est pourquoi il existe des distributions plus faciles et grand public que d'autres.
Gratuité¶
Oui, c'est gratuit. Enfin, non, pas toujours, mais presque. Vous avez sans doute entendu dire souvent que « si c'est gratuit, c'est toi le produit » et que « Libre ne veut pas dire gratuit ». Faisons le tri.
L'adage « si c'est gratuit, c'est toi le produit », s’adresse aux logiciels et services prétendument gratuits mais dont le modèle économique est à double face : d'un côté offrir un service et de l'autre récupérer des données de profilage d'utilisateurs pour les vendre au meilleur prix. L'extraction des données numériques étant l'un des carburants économiques de ce début de XXIe siècle, on peut comprendre qu'il est important aujourd'hui de se protéger derrière des systèmes sécurisés et de confiance, plutôt que de se laisser abuser par des services déloyaux.
« Libre ne veut pas dire gratuit » est en revanche un principe. Oui, vous pouvez utiliser Linux gratuitement et avec lui une myriade de logiciels libres tout aussi gratuits. Mais il y a toujours un prix :
- l'apprentissage et l'auto-formation demandent du temps. Il existe des organismes vous permettant de vous former à l'utilisation de ces logiciels, démontrant ainsi qu'à partir d'un produit libre et gratuit, une économie peut se former.
- certains services basés sur des logiciels libres peuvent parfois être payants. C'est tout simplement parce que leur développement et leur maintenance ont un coût humain ou bien parce que, fonctionant en ligne, il y a des coûts d'infrastructure à couvrir. Nous reviendrons sur ce point lorsque nous parlerons des CHATONS.
- Pour les entreprises, notamment, il existe des distributions Linux dites « professionnelles », assurant par exemple des coûts de maintenance de sécurité ou des logiciels sur mesure. Dans ce cas, ces distributions sont payantes même si le système de base est gratuit.
Enfin, un dernier point à ce propos. Qui produit Linux et pourquoi ? Linux, et avec lui tous les logiciels libres ou open source, sont les fruits de collaborations de communautés à dimensions mondiales. Parfois il s'agit de quelques passionnés qui ont programmé un logiciel et le rendent disponible à tous. Parfois il s'agit de groupes plus structurés, et dans le cas du noyau Linux, beaucoup d'entreprises y contribuent activement, en temps humain comme en termes financiers, dont IBM, Microsoft ou encore Google. Pourquoi le font-elles ? tout simplement parce qu'en contribuant elles participent à un commun sur lequel elle peuvent bâtir des modèles économiques parfois très lucratifs, ce qui leur est souvent reproché. Par exemple le système Android de Google fonctionne grâce au noyau Linux. Est-ce bien Libre ? pas toujours, et c'est ce qui distingue le Libre et l'open source, mais là encore c'est un sujet que nous n'aborderons pas.
Les distributions Linux¶
Une distribution Linux est un ensemble cohérent qui regroupe le noyau du système (Linux), c'est-à-dire le moteur et les bras qui font tourner de manière harmonieuse tous les composants du système, un environnement de bureau (l’interface visuelle), une sélection de logiciels préinstallés et les dépôts distants de logiciels où l'on peut puiser pour les installer.
Choisir une distribution, c’est choisir une « philosophie » d'usage et un cycle de mise à jour. Ainsi certaines distributions proposent des versions avec un support de mise à jour long terme (les version LTS : Long Term Support) et des versions de la même distribution produites à un rythme plus rapide et intégrant des nouveautés. Pour un chercheur ou un étudiant, la priorité doit être la stabilité et la taille de la communauté : plus une distribution est utilisée, plus il est facile de trouver des solutions à ses problèmes sur les forums ou autour de soi. Ce genre de distribution est appelé « distributions grand public ».
Les familles de distribution Linux
Cette page Wikipédia recense les grandes familles de distributions (historiques, grand public, dérivées). Une carte impressionnante représente la frise chronologique des distributions.
Il y a deux grandes lignées historiques dans les distributions Linux :
- La famille Debian. Elle utilise des paquets
.debet se décline en versions très populaires comme Ubuntu ou Linux Mint. - La famille Red Hat / Fedora. Issue du milieu des serveurs et des entreprises, cette famille utilise des paquets
.rpm. Fedora est sa version communautaire la plus célèbre.
Les distributions grand public sont plutôt issues de la première famille. Elles dérivent souvent de la distribution portant le même nom : Debian. En voici deux :
- Ubuntu vient de ce sérail est a largement pris le large par rapport à l'idée originelle. Elle intègre un bureau qui pourrait dérouter de prime abord mais fort joli et moderne, nommé Gnome Shell. C'est une star parmi les distributions.
- Linux Mint est plus consensuelle. Son interface de bureau, plus austère et néanmoins très fonctionnelle, est nommée Cinnamon. Elle restera familière aux utilisateurs de Windows (si tant est que quoi que ce soit reste familier entre les différentes versions de Windows). C'est Linux Mint que je recommande pour toute personne débutant sous Linux.
Pour information
Sur le site Distrosea vous pouvez tester directement dans votre navigateur différentes distributions linux parmi... 77 à l'heure où j'écris ces lignes. Et encore, toutes les distributions sont loin d'y être représentées.
Précautions d'usage¶
À ce stade, quelques précautions d'usage s'imposent.
Sauvegarde¶
Nous allons installer un système Linux sur votre machine à l'exclusion de tout le reste. Cela signifie que nous allons formater votre disque dur principal (si vous avez deux disque dur dans votre machine, rendez-vous tout de suite à la fin de cette partie). Pour la suite des activités, il est hautement recommandé de sauvegarder tous vos fichiers personnels. Utilisez pour cela un disque dur externe, de manière à rapatrier ensuite vos fichiers et les utiliser avec Linux.
Obsolescence¶
Ce guide est bien entendu sujet à l'obsolescence. Il se peut que les instructions données ne soient plus tout à fait ajustées dans les années à venir, notamment parce que les logiciels s'améliorent et d'autres choix sont faits. J'ai néanmoins réalisé ce guide de manière assez généraliste pour que, même en cas de modifications, vous puissiez retrouver peu ou prou les mêmes recommandations.
La question du chiffrement¶
Vous allez voir plus loin que je recommande de chiffrer la totalité du disque. C'est selon moi nécessaire à plusieurs égards et non, le fait de chiffrer son disque dur n'est pas réservé à des activités illégales, au contraire, c'est une sécurité.
Au fil de vos activités universitaires, vous êtes amené·e à vous déplacer. Vous allez travailler dans une bibliothèque, en salle de cours, vous prenez le train et l'avion, et vous pouvez même vous trouver à passer une frontière où votre machine pourrait être fouillée à votre insu. Pire : on refourgue des fichiers sur votre machine à votre insu et vous voilà transformé·e en mule.
L'espionnage dans la recherche est au moins autant à craindre que dans le domaine industriel. Votre machine doit donc être considérée comme un coffre-fort. Et ce n'est évidemment pas avec Windows que vous pouvez être rassuré·e.
Nous allons donc faire en sorte de chiffrer votre disque dur. Cela signifie qu'à chaque démarrage de votre machine, il faudra entrer un mot de passe permettant de déchiffrer le disque. Un second mot de passe vous servira ensuite à vous connecter à votre session de travail. Donc deux mots de passe vous seront nécessaires.
Sécurité en pratique
Concernant la sécurité de votre machine, la suite dépendra de votre comportement. Trimbaler des fichiers confidentiels sur des clés USB non chiffrées n'est pas recommandé (il est très facile de chiffrer un volume avec Linux). De même si vous sauvegardez vos informations dans un service cloud, prenez la mesure de la confiance que vous pouvez avoir en ce service (évitez les services de Google, Microsoft et consors), etc.
Appréhender votre nouveau système¶
De nombreux tutoriels existent, notamment en vidéo, pour vous apprendre à utiliser votre distribution Linux. L'objectif de ce guide n'est pas de vous initier à l'utilisation du système, il vous faudra donc compléter. Mais rassurez-vous, pour un travail de bureautique domestique, ce n'est pas très difficile et vous apprendrez beaucoup par vous même.
Les mains dans le cambouis¶
Allez, on y va. Nous allons remplacer un système Windows par un système Linux, plus exactement Linux Mint, et ainsi vous permettre de disposer d'une machine fiable, sécurisée, flexible, et dans laquelle vous pourrez avoir confiance.
Télécharger la distribution¶
Toutes les distributions Linux se présentent comme des images ISO. C'est un fichier unique qui contient la copie conforme et intégrale de la structure d’un disque (CD, DVD ou clé USB). Ce n'est pas seulement une liste de fichiers compressés : c’est une sauvegarde de l'organisation même des données, incluant les secteurs de démarrage (le fameux boot) indispensables pour que l'ordinateur comprenne qu'il doit lancer un système d'exploitation.
Même si il y a moyen de procéder à des installations par d'autres moyens, y compris depuis un serveur distant, nous allons utiliser la méthode la plus classique. Elle commence par le téléchargement de l'image de Linux Mint.
Sur la première page du site officiel linuxmint.com, cliquez sur download. Cela vous renverra à la page des téléchargements des versions de Linux Mint. Vous choisissez la première « Cinnamon Edition » et cliquez sur download.
Sur cette nouvelle page vous trouvez ces informations, que je commente :
| Information | Signification |
|---|---|
| Size : 3GB | La taille du fichier image à télécharger (3 Gigabytes) |
| Installation Guide | Lien vers le guide d'installation |
| Rlease announcement | Lien vers l'article annonçant la sortie de la version concernée |
| Release notes | Les notes de version qui indiquent les nouveautés (par rapport à la version précédente) |
| Torrent download: 64-bit | Pour télécharger le fichier torrent afin de télécharger l'image avec ce protocole P2P (un logiciel BitTorrent) |
Dans la section « Integrity & authenticity », vous trouverez les séries SHA256sum. Il s'agit de l'équivalent d'une empreinte digitale numérique pour un fichier. On appelle cela une somme de contrôle, et il y a d'autres méthodes que SHA (Secure Hash Algorithm). C'est une suite de caractères (lettres et chiffres) qui permet de garantir qu'un fichier est exactement celui qu'il prétend être. Le distributeur livre cette série et, une fois le fichier téléchargé, il faudra s'assurer que l'empreinte du fichier que nous avons téléchargé est bien la même. Ceci permet de garantir qu'il n'y a pas eu de perte d'intégrité au moment du téléchargement.
Enfin, dans la section « Download mirrors » vous trouvez les sites miroirs proposant le téléchargement de l'image. Par exemple l'université de Reims en France. Le mieux est d'utiliser un miroir géographiquement proche de soi.
Que signifie 64bits ?
Il s'agit de l'architecture x86-64, à savoir la « largeur » de la route sur laquelle circulent les informations entre votre processeur et votre mémoire vive (RAM). Tous les ordinateurs modernes produits après 2004-2006 utilisent cette architecture désormais, et de plus en plus rares sont les distributions offrant encore du 32bits (néanmoins, il existe des distributions légères pouvant redonner à un vieux coucou ses ailes d'antan).
Conclusion : cliquez sur le lien du site miroir proche de chez vous et lancez le téléchargement.
Une histoire de clé¶
Pendant ce temps, la première chose à faire est de vous trouver une clé USB d'au moins 16Gb. Pas n'importe laquelle. Pas celle que vous retrouvez pleine de poussière au fond d'un tiroir et dont vous ne savez pas si elle fonctionne encore mais-peut-être-sait-on-jamais. Non. Là il faut une clé USB fonctionnelle.
Attention
Durant cette procédure, toutes les données stockées sur cette clé vont être effacées.
Somme de contrôle¶
Comme dit plus haut, il faut s'assurer que le fichier réceptionné n'a pas perdu en intégrité. Pour cela nous allons vérifier la somme de contrôle.
Méthode 1¶
Votre Windows dispose déjà des outils nécessaires. Voici une procédure pas à pas.
Placez-vous dans le dossier où vous avez téléchargé votre fichier .iso. Il porte un nom ressemblant à celui-ci : linuxmint-22.2-cinnamon-64bit.iso
Dans votre navigateur de fichier, il y a une barre en haut (en dessous de la barre d'outil) indiquant le chemin du dossier où vous vous trouvez. Cliquez dedans et écrivez à la place : powershell. Cela va lancer une fenêtre de terminal qui situera tout de suite le dossier dans lequel vous vous trouvez.
Dans le terminal, à l'endroit du curseur, entrez cette commande (en remplaçant le nom du fichier ISO par celui de votre fichier), et terminez par Entrée.
La machine vous retournera la suite de la somme de contrôle. Il vous reste à la comparer avec celle fournie sur le site Linux Mint. Si elles sont tout à fait similaires, c'est bon, votre fichier est intègre.
Méthode 2¶
Vous avez peut-être 7-Zip sur votre machine. Si ce n'est pas le cas, téléchargez-le depuis le site officiel 7-zip.org et installez-le.
Il s'agit d'un logiciel libre de compression de données permettant de créer des archives comme les .zip. Mais il dispose d'un outil de contrôle facile à utiliser. Pour ce faire :
- faites un clic droit sur votre fichier
.iso - Sélectionnez 7-zip et
CRC SHApuisSHA256 - Et hop, une fenêtre « Informations sur la somme de contrôle » s'ouvre, affichant la fameuse série que nous voulons.
- Il vous reste à la comparer avec celle fournie sur le site Linux Mint. Si elles sont tout à fait similaires, c'est bon, votre fichier est intègre.
Créer une clé bootable¶
Il existe de nombreux tutoriels expliquant comment créer une clé USB bootable. Nous allons expliquer ici comment procéder mais auparavant... kézako ?
Si vous voulez changer votre système d'exploitation, qu'il s'agisse d'installer une distribution Linux ou une version de Windows, il faut pour cela démarrer votre ordinateur sur un support qui tienne lieu de périphérique d'amorçage.
Une clé USB qu'on a ainsi transformé en périphérique d'amorçage contient :
- un schéma de partition, généralement MBR (Master Boot Record)
- un chargeur de démarrage, généralement GRUB (GRand Unified Bootloader)
- Une partition EFI (Extensible Firmware Interface), qui est une petite partition spéciale utilisée au démarrage. Lorsque l’ordinateur s’allume, l’UEFI (Unified EFI) de la carte mère la lit et y cherche un fichier de démarrage. Ce fichier, généralement nommé
BOOTX64.EFI, permet de lancer GRUB, qui démarre ensuite le système Linux.
Pourquoi est-ce important de connaître ces détails ? Parce que maintenant vous savez que le démarrage est un fichier dans une partition visible. Si vous fouillez dans une clé USB Bootable vous y trouverez ces fichiers. Si vous avez un problème de démarrage avec votre PC par la suite, vous savez désormais qu'il est possible d'utiliser ces fichiers pour démarrer Grub.
Pour créer votre clé USB Linux, il vous faut un logiciel spécialisé. Je vais en citer deux :
- Balena Etcher (site officiel), un logiciel très simple d'utilisation, c'est celui que je recommande dans un premier temps pour les débutants.
- Rufus (site officiel) : il est fait pour créer toutes sorte de périphériques d'amorçage pour Linux comme pour Windows, avec beaucoup d'options.
Maintenant, branchez votre clé USB sur votre machine.
BalenaEtcher présente d'emblée les trois étapes :
- sélectionner le fichier
.iso, c'est-à-dire celui que nous avons téléchargé (il est toutefois possible d'aller chercher une image depuis un serveur distant) - sélectionner la cible, c'est-à-dire votre clé USB (ne vous trompez pas)
- flasher la clé, c'est-à-dire créer la clé bootable.
Une fois la procédure lancée, vous n'avez rien à faire sinon patientez le temps que BalenaEtcher écrive l'image sur votre clé… et vérifie que l'image a bien été écrite sans perte.
Votre clé est prête, nous pouvons passer à l'étape suivante consistant à vous débarrasser de Windows.
Désactiver le démarrage rapide¶
Windows est une sorte de tank qui demande énormément de ressources, notamment au démarrage. Si vous avez une version récente de Windows et un disque dur SSD, il se peut qu'une option soit activée : le Démarrage rapide. Cette option implique que, lorsque vous éteignez votre machine… Windows fait un mélange entre l'extinction totale et une hibernation, il stocke une partie des données système sur votre disque, ce qui permet de redémarrer plus rapidement, (il faut bien ça pour faire croire qu'un ordinateur équipé de Windows est rapide). Or, en faisant cela, ce mode de redémarrage peut contrecarrer les possibilités d'accéder au choix initial de partition d'amorçage (si ce n'est pas le cas, cela peut être quand même une source de problèmes). En gros, Windows se croit tout seul sur la machine.
Pour appliquer le principe de précaution, il vaut mieux désactiver cette « fonctionnalité » ! Dans le Panneau de configuration, cliquez sur Système et sécurité, puis sur Options d’alimentation. Dans le menu à gauche cliquez sur Chroisir l'action des boutons d'alimentation. Là, si les cases en bas sont grisées, c'est que nous ne sommes pas en mode administrateur. Il faut simplement cliquer sur Modifier les paramètres actuellement non disponibles. Enfin, décocher la case Activer le démarrage rapide.
Derniers préparatifs¶
Lors de l'installation de Linux, l'assistant vous proposera de télécharger les mises à jour et les pilotes tiers, non libres (comme ceux de votre carte graphique ou certains codecs audio) en temps réel. C'est une étape cruciale pour obtenir un système parfaitement fonctionnel dès le premier redémarrage et c'est une concession que vous devrez faire (voir ci-dessous).
Cependant, l’usage du Wi-Fi à ce stade peut s'avérer capricieux : certains pilotes sans fil, propriétaires, ne sont activés qu'une fois le système totalement installé. Pour éviter de vous retrouver hors ligne au moment le plus critique, la stratégie la plus fiable consiste à privilégier une connexion filaire.
En branchant directement votre ordinateur à votre box via un câble, vous garantissez une liaison stable et universellement reconnue par Linux. Vous affranchir de la configuration du Wi-Fi pendant l'installation vous permet de vous concentrer sur l'essentiel : la structuration de votre nouvel environnement de travail.
De la même manière, si vous êtes sur un ordinateur portable et sur batterie, branchez-le sur secteur. Vous limiterez ainsi les risques de panne intempestive de batterie.
Démarrer la machine¶
Prêt·e ? Éteignez votre machine. Branchez la clé USB.
Nous allons faire un petit jeu : selon le modèle de votre machine, les options de démarrage lors de l'allumage ne sont pas toujours accessibles de la même manière. Si vous êtes rapide, l'information est souvent inscrite dès l'allumage sous l'expression Press <bouton> for boot options. Et le bouton en question peut, selon le constructeur, être F2, F11, F12, Suppr, Esc… à vous de lire les instructions.
Si vous loupez, l'ordinateur démarre sous Windows, il faut l'éteindre à nouveau et recommencer.
Une fois dans les options de démarrage, il vous suffira de choisir la clé USB pour démarrer « dessus ».
Ça coince ?
Si jamais votre machine ne présente pas de possibilité de choisir des supports d'amorçage lors du démarrage, il vous faudra aller dans l'UEFI (ou le BIOS). Là, dans la section Boot, il vous faudra modifier l'ordre des supports d'amorçage (disque dur, réseau, dispositif USB, voire CD-Rom). Généralement cela se fait avec les flèches permettant de modifier l'ordre. On place le dispositif USB en premier, on sauvegarde et on redémarre la machine.
Installer Linux¶
Une fois que la machine démarre sur votre clé USB, le système d'exploitation va se charger. Au bout d'un certain temps vous verrez apparaître l'interface de bureau de Linux Mint, normalement avec un choix de langue et deux options : essayer Linux Mint ou Installer.
Je préconise d'essayer : le bureau se chargera complètement et c'est une excellente manière de s'assurer que tout fonctionne correctement. Cela fait, cliquez sur l'icone d'installation située sur le bureau, ce qui lancera l'assistant d'installation.
Cet assistant, que l'on retrouve sur la plupart des distributions Linux grand public, a soulagé depuis longtemps une foule d'utilisateur·ices de Linux. En effet, même s'il est toujours possible de configurer et partitionner soi-même son disque aux petit oignons, l'assistant vous propose une configuration par défaut tout à fait acceptable et suffisante pour débuter. Je vous invite donc à suivre les étapes attentivement.
Vous allez rencontrer les thèmes suivants.
Le clavier¶
Là il s'agit de choisir la langue et la disposition de clavier. En français, la disposition la plus générale est legacy. Mais là, c'est à vous de choisir. Penser à tester vos touches et combinaisons de touches dans le champ réservé à cet effet pour être sûr.
Une fois Linux installé, vous pourrez changer dans les paramètres si cela ne convient pas ou si vous changez de clavier.
Les codecs multimédia¶
Il s'agit d'une concession à faire au licences propriétaires. Ces codecs (COder/DÉCoder) sont des petits programmes qui permettent de lire des fichiers vidéos et audio. Certains sont soumis à des licences qui ne sont pas libres comme le H.264 pour la vidéo. Je préconise de les installer d'emblée si vous ne voulez pas être frustré·e lorsque vous souhaiterez lire une vidéo encodée avec de tels procédés. Donc : cochez cette case.
Il se peut que l'installateur vous demande aussi de configurer le choix du mot de passe pour Secure boot s'il est activé dans l'UEFI. Choisissez donc un mot de passe et notez-le.
Type d'installation et chiffrement¶
Comme dit plus haut, il est possible de se lancer dans une configuration toute personnelle et de choisir ses modes de partitionnement, etc. Or, ici, nous voulons aller au plus simple. Par ailleurs, il s'agit de se débarrasser de Windows.
Donc… le choix s'impose de lui-même : effacer le disque et installer Linux Mint.
Mais nous voulons aussi que le système soit sécurisé. Il faut pour cela chiffrer son disque dur. Cliquez donc sur le bouton des Fonctions avancées. Activez le bouton permettant l'utilisation de LVM et choisissez de chiffrer votre Linux Mint.
Cliquez sur OK et choisissez désormais un mot de passe solide pour le chiffrement (pensez cependant qu'il faudra entrer ce mot de passe à chaque nouveau démarrage de votre machine).
Vous pouvez lancer l'installation.
Fuseau horaire¶
C'est une étape rapide et simple : choisissez votre fuseau horaire. Mais il ne s'agit pas seulement d'avoir la bonne heure sur l'horloge de votre bureau.
En choisissant votre fuseau horaire, il s'agit de régler deux paramètres fondamentaux de votre machine : l'heure locale et l'horloge matérielle. Contrairement à Windows qui règle souvent l'horloge de la carte mère sur l'heure locale, Linux préfère la rigueur scientifique. Il règle l'horloge matérielle du PC sur le Temps Universel Coordonné (UTC).
Choisir votre fuseau horaire aide aussi Linux Mint à affiner vos « Locales » : le format de la date (JJ/MM/AAAA au lieu de MM/JJ/AAAA), l'unité de mesure (système métrique), la devise par défaut (€)…
Votre identité¶
Cette étape est très importante. C'est là que vous allez choisir votre nom d'utilisateur et vos mots de passe. Notez-les soigneusement et réfléchissez bien.
- Votre nom : indiquez votre nom. Sur un ordinateur familial on se contente généralement du prénom. Ou un pseudonyme.
- Le nom de votre ordinateur : il s'agit du nom de votre ordinateur tel que reconnu sur le réseau. Cela peut paraître secondaire, mais il n'en n'est rien. Je vous conseille de choisir un nom court au lieu de la proposition par défaut qui peut-être trop longue. Plus tard, dans le Terminal, le fait d'avoir un nom court vous sera utile pour plus de clarté. Idem pour l'utilisation de logiciel permettant de faire correspondre deux machines sur le réseau local. C'est aussi le moment de choisir pour votre ordinateur un petit nom affectueux, après tout, vous lui devez bien ça.
- Votre nom d'utilisateur : c'est votre login pour vos sessions de travail. Là, vous le choisissez en fonction de vos critères. Faire court est souvent le plus simple.
- Choisir votre mot de passe : là attention ! c'est le mot de passe qui ne vous sera pas seulement demandé lors de la connexion à votre interface de bureau. C'est le mot de passe qui vous sera aussi demandé, en tant qu’administrateur·ice du système, pour installer des logiciels et faire des mises à jour. Choisissez-le assez complexe et néanmoins facile à retenir, évitez d'employer ce même mot de passe pour d'autres activités, et par pitié, ne le notez pas sur un post-it collé à votre écran… (pas plus que pour le mot de passe de chiffrement vu précédemment)
- Cochez la case « Demander mon mot de passe pour ouvrir une session », c'est un principe de sécurité supplémentaire.
- Chiffrer mon dossier personnel : pas besoin dans la mesure où tout votre disque sera lui-même chiffré (cf. étape ci-dessus).
Finalisation¶
Il vous suffit désormais de patienter jusqu'à ce que l'installation soit terminée. Sur des ordinateur récents avec des disque SSD, cette installation est généralement rapide.
La fenêtre à la fin vous propose de redémarrer maintenant votre machine. Choisissez cette option. Il vous sera aussi proposé de retirer votre clé.
Le premier démarrage sous Linux Mint est parfois un peu plus long que les autres, ne vous inquiétez pas. Une fois sur le bureau, patientez encore un peu pour qu'il vous soit proposé de lancer les dernières mises à jour, ce que vous allez faire. Là aussi, il faudra encore patienter. Même si ce n'est pas proposé, redémarrez une nouvelle fois.
C'est bon ! Vous voilà l'heureux·se détenteur·ice d'un système Linux. Il va falloir apprendre un peu à vous en servir, mais commencez à le découvrir, faites le tour de l'interface de bureau.
Important
En pratique, on ne cherche pas à télécharger un fichier (surtout venant d'une source peu sûre) pour installer un nouveau programme. Sous Linux Mint, un programme nommé Logithèque vous permet d'entrer dans le Magasin des dépôts officiels et d'installer en un clic le logiciel de votre choix.
Un dernier mot¶
On ne saurait terminer ce chapitre sans parler de ce disque dur que nous avons ainsi sollicité.
Le format de partitions des disques sous Linux¶
Un disque dur ou une clé USB peuvent être considérés comme des immenses bibliothèques vides. Le format (ou système de fichiers) est la méthode de rangement : comment on étiquette les livres, comment on crée l'index et comment on gère les rayons. Il existe plusieurs système de fichiers.
Le format FAT32 (File Allocation Table), inventé par Microsoft, est le plus courant puisqu'il est utilisé par défaut pour les supports amovibles, telles les clés USB. L'une de ses limitations, par exemple, est qu'il ne permet pas de manipuler des fichiers dont la taille excède 4Go. NTFS est le successeur, il vise à en combler les lacunes. Les disques durs sous Windows utilisent ce format (qui gère tellement mal l'allocation de l'espace que cela pourrait être comique si l'enjeu n'était pas si crucial).
Linux lit très bien les formats de type FAT32 et même NTFS. En d'autres termes, ne vous inquiétez pas pour vos clés USB ou vos disques durs externes, généralement formatés en FAT32, ils seront parfaitement lisibles.
En revanche, pour installer Linux nous avons formaté le disque en EXT4. Là c'est du sérieux. Succédant aux trois premières versions, le EXT4 est un format extrêmement rigoureux et il est connu pour limiter de manière radicale le problème de la fragmentation. Ses limites sont quasi inexistantes, surtout si vous manipulez de grosses bases de données ou des archives vidéos (ce n'est pas pour rien, et ce n'est pas pour cette seule raison, que la majorité des serveurs qui font tourner Internet sont sous Linux).
Par ailleurs, le EXT4 procède par un mécanisme de journaling : il assure que les opérations du système de fichiers sont d’abord consignées dans un journal avant d’être appliquées au système de fichiers principal. Ainsi, en cas de crash ou de coupure de courant, le journal peut être rejoué afin de rétablir un état cohérent du système de fichiers, évitant la perte de données et toute corruption. C'est du sérieux, l'on vous dit.
Cas d'usage : deux disques durs¶
Il se peut que votre machine soit équipée de deux disques durs internes. Or, jusqu'à présent nous n'avons parlé que d'un seul disque, celui sur lequel est installé le système.
En fait, au moment de l'installation, il faudrait ne pas se contenter de suivre l'installation par défaut. Il faudrait choisir d'allouer un disque (et ses partitions) au système et allouer le second disque au stockage (ce que, sous Linux, on nomme le \home).
Maintenant que l'installation est faite, et si votre second disque dur n'a pas été concerné par l’installation, le mieux est encore de le formater en EXT4 lui aussi et rapatrier vos fichiers dessus. Pour ce faire, vous pourrez utiliser un logiciel nommé Gparted qui vous permettra de sélectionner ce disque, le formater et créer une nouvelle partition EXT4 dessus. Et oui, ce n'est pas une opération anodine, ne vous précipitez pas pour la mener.