À la recherche de la chaîne de production
Souvenez-vous du précepte dans l'introduction à ce guide : « ne te contente pas d'enregistrer l'information, fais-la travailler ». En réalité nous nous créons nous-mêmes des barrières qui nous empêchent de traiter correctement l'information avec nos dispositifs numériques. La raison principale, c'est le manque de maîtrise des formats.
Les premiers formats qui nous poussent à rester coinçé·e dans un écosystème fermé, ce sont les formats imposés par Microsoft et sa suite bureautique (pour ne citer qu'elle). Nous connaissons toustes les problèmes de compatibilité que cela pose. Malgré les injonctions institutionnelles émanant de la Commission Européenne comme des institutions républicaines françaises, qui encouragent l'utilisation de logiciels libres et de formats ouverts au nom de l'interopérabilité, nous nous évertuons à essayer d'échanger des documents dans des formats de Microsoft et passons notre temps à les gérer laborieusement. C'est affligeant.
Mais à l'intérieur même des dispositifs personnels, beaucoup ont tendance à multiplier encore d'autres obstacles comme l'utilisation de formats non adaptés aux contenus. Par exemple cette liste bibliographique enregistrée dans un document au format .docx ou même .odt. Cette image dont le seul fichier connu est encapsulé dans un diaporama. Ces notes de cours éparses « tapées dans un traitement de texte » et que vous n'arrivez pas à retrouver parmi une centaine de fichiers.
En fait, le problème est celui de la gestion des connaissances personnelles. Ho ! rassurez-vous d'autres ont déjà pensé à ces questions. À commencer par Microsoft et son logiciel Notes. Il y a en a bien d'autres qui vous promettent la lune et grâce auxquels vous allez pouvoir enfin réellement faire travailler vos informations.
Tous ont raison sur un point : nous utilisons des logiciels de manière inadaptée lorsque nous cherchons à produire de l'information.
Par exemple, un logiciel de traitement de texte est avant tout destiné à la mise en page. Il ne devrait donc intervenir qu'en bout de chaîne, lorsque nous nous apprêtons à rendre une production intellectuelle. C'est exactement la même chose pour la gestion bibliographique, qui est une activité à part entière et pour laquelle beaucoup savent désormais qu'il faut des logiciels pour cela.
Lorsqu'on écrit du texte, pour quelle raison voudrait-on systématiquement l'encapsuler dans un fatras de données inutiles ? C'est pourtant ce que nous faisons lorsque nous écrivons du texte dans un traitement de texte et que nous l'enregistrons dans un format du genre .docx ou .odt, en plus de ne pas pouvoir en disposer autrement qu'en ouvrant le logiciel de traitement de texte (c'est moins vrai pour les formats ouverts qu'on peut justement travailler indépendamment).
Il faut donc travailler avec un format qui corresponde au plus petit dénominateur commun de tout ce qui ressemble à de la production écrite. Et ce format, c'est le texte, autrement nommé plain text. Le contenu de ce type de fichier est simplement une suite de caractères.
Avec un tel format universel, nous devons créer une chaîne de production :
- qui permet d'entrer des données facilement,
- qui permet de conserver ces données (un fichier texte sera toujours lisible, indépendamment des logiciels),
- qui permet d'exporter vers n'importe quel format de production.
Le scénario type pourrait prendre cette forme :
- je veux prendre des notes de cours ou de lecture, écrire un article ou un livre,
- je veux pouvoir classer mes écrits et faire des recherche dedans,
- je veux pouvoir en tirer une production intellectuelle finale,
- et je veux pouvoir échanger et exporter cette production vers une format de mise en page.
Nous allons voir qu'il existe des logiciels qui nous aident a faire tout cela. Tous les logiciels que nous verrons utilisent le langage de balisage léger nommé Markdown parce que sa grande simplicité permet de hiérarchiser l'information dans un format texte. Couplé à un logiciel dont la fonction consiste à éditer de tels fichiers (on les appelle des éditeurs Markdown) on peut non seulement se concentrer sur la production écrite mais aussi bâtir une chaîne de production agile et efficace.